Les
poilus se vivaient d'abord comme des citoyens mobilisés où l'amour
de la Patrie conduit à celui de l'Humanité. C'est cet état d'esprit qui empêcha, après la guerre, notre pays de sombrer dans le fascisme comme en Italie ou en Allemagne. Cette promesse
universelle de liberté, d'égalité et de fraternité a reconverti
l'ouvrier, le paysan, le médecin, l'ingénieur, le commerçant en
soldats de métier qui font la guerre avec la même conscience
professionnelle que dans le civil. Dans les champs, dans l'usine et à
la boutique on gagnait sa vie, dans la tranchée avec ses camarades
on la perdait.
La
Grande Guerre a forcé notre pays à dépasser les représentations
du XIXème siècle: le sens du devoir et du sacrifice n'était plus
l'apanage du mâle caucasien qui rêve à sa Marianne ou à sa
Louisette. La guerre a été un agent actif de transformation des
sociétés car l'impôt du sang devait conduire à avoir les mêmes
droits.
La Grande Guerre a été le commencement du long chemin vers l'égalité entre les hommes et les femmes.
Il
est reconnu aussi que les homosexuels ont courageusement participé au
conflit. C'est un moment structurant pour une nouvelle identité
homosexuelle forte qui ne recule pas devant le danger, comme le
Lieutenant d'Humière qui meurt en héros en 1915 pour prouver sa
valeur. 14-18 marque donc un tournant qui conduit
lentement à l'égalité des orientations sexuelles.
le député Blaise Diagne en 1922 à Reims |
Elle a été enfin un moment clé pour les peuples
colonisés . Ce pacte républicain, le Député africain des
Trois Communes, Blaise Diagne l'a vendu aux sujets français de
l'Afrique occidentale et équatoriale en 1918. La promesse
de la citoyenneté amena 77 000 Africains à s'engager.
Monument de Reims détruit par les Allemands en septembre 1940 |
Si
en 1924 on éleva un monument aux soldats
noirs qui sauvèrent la ville du sacre, Reims, lors de la dernière offensive
allemande en 1918, les parlementaires oublièrent la promesse de
Clémenceau à Diagne.
Malgré tout, pour la France, ils continuèrent
à payer le prix du sang et des larmes jusqu'en 1962. Ils le feront
aussi sur les chaînes et sur les chantiers des Trente Glorieuses et
dans le chômage de masse de nos Quarante Piteuses.
Depuis
presque un siècle maintenant nos destins sont unis dans un même
idéal de liberté et d'égalité. Il est temps aujourd'hui de tenir
cette promesse pour leurs descendants installés ici afin d'atteindre
l'idéal de Fraternité.
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